La névralgie du nerf Trijumeau (névralgie de Trousseau), une approche ostéopathique
                     
                                                        
                    

Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9vralgie_du_trijumeau
Aujourd'hui je souhaitais aborder un sujet qui concerne beaucoup de patients : la névralgie du nerf trijumeau. Cette pathologie regroupe en fait plusieurs situations différentes que nous allons aborder dans cet article.
La névralgie du trijumeau peut être particulièrement invalidante et difficile à supporter par les patients car elle touche le visage, zone très sensible du corps, et parce que ne nerf trijumeau a des spécificités propres dont nous allons parler ci‑dessous.
Vous trouverez à différents endroits de cet article des liens vers les anciens articles de blog, publiés sur ce site et sur le blog Conseil Dentaire, qui vous donneront de plus amples informations.
Rappels anatomiques
Le nerf trijumeau est le nerf qui contrôle la sensibilité de la face, ainsi que la motricité des muscles de la mastication. Il se divise en trois branches, V1, V2, V3 de haut en bas: branche frontale, maxillaire, mandibulaire.

Source:https://www.neurochirurgie-lariboisiere.com/chirurgie-de-la-douleur/nevralgie-du-trijumeau/
En proportion de fibres nerveuses, c'est un des nerfs les plus gros du corps . Sur l'image suivante qui est une planche extraite des travaux de l'embryologiste allemand Erich Blechschmidt, nous voyons ce nerf, entouré en rouge, sur une coupe d'embryon humain.

Il est intéressant de comprendre que plus une structure embryonnaire est grande en proportion dans le volume de l'embryon, plus son importance fonctionnelle est grande. Le nerf trijumeau est, comme les autres nerfs dont nous avons déjà parlé dans les autres articles ( le nerf vague, le nerf laryngé supérieur https://www.osteopathe-mandrillon.com/actualites/la-nevralgie-du-nerf-larynge-superieur-une-origine-mecanique, le nerf glosso‑pharyngien, le nerf d'Arnold, le nerf phrénique, le nerf facial), soumis à d'éventuels traumatismes et contraintes pouvant le mettre en état d'inflammation.

Schéma du tronc cérébral montrant les noyaux du Trijumeau. Source: Netter
Son origine a lieu dans le tronc cérébral, dans lequel plusieurs noyaux le constituent. Le noyau sensitif, long et imposant, le noyaux mésencéphalique et le noyau moteur. Il émerge de la face antérieure du pont ( une partie du tronc cérébral) par une racine épaisse et se dirige vers l'avant, où il se pose à la face supérieure du rocher (l'os constituant l'oreille). A cet endroit , il existe un ganglion relai très important, dont nous allons reparler un peu plus loin: le ganglion de Gasser. C'est à cet endroit que le nerf donne ces branches V1, V2 et V3 (frontale, maxillaire et mandibulaire). Ce ganglion est installé dans la fossette portant le nom de « cavum de Meckel ». C'est véritablement la zone clé à envisager lorsqu'on cherche à comprendre la physiologie et surtout la pathologie du nerf trijumeau ( c'est à dire le fonctionnement normal de ce nerf et son état de douleur ou d'inflammation). Dans cette petite fossette, le nerf trijumeau est engainé dans une poche de dure‑mère, qui agit à la fois comme un espace protecteur mais qui peut également le contraindre ou l'irriter, si des tensions au niveau de la dure‑mère existent (tensions méningées).
Ensuite, la branche mandibulaire se dirige vers le bas ( vers la mandibule), en traversant la grande aile du sphénoïde.
La branche maxillaire se dirige, comme son nom l'indique, vers le maxillaire (la partie supérieure de la mâchoire. Elle chemine dans un canal dans le plancher de l'orbite (sous l'œil et sort dans l'espace situé exactement entre l'œil et la bouche (le foramen infra orbitaire). C'est précisément à cet endroit que les douleurs du nerf trijumeau sont les plus caractéristiques.
Nous verrons dans la suite de cet article les zones de conflit potentiel , qui peuvent l'irriter ou le gêner sur son trajet (du point de vue de l'ostéopathe crânio‑maxillo‑facial).
Quelle est la fonction de ce nerf ?
Principalement,
-le nerf trijumeau assure la sensibilité du visage : le front, la patrie supérieure et inférieure de la mâchoire (maxillaire et mandibulaire).
-il assure la motricité des muscles de mâchoire , qui servent donc à la mastication.
-il assure l'innervation de la majeure partie de la dure‑mère (les méninges qui entourent et protègent le cerveau), et nous verrons dans un paragraphe ultérieur combien cette fonction est importante.
Le nerf trijumeau contribue au fonctionnement de l'oreille moyenne par le nerf du muscle tenseur du tympan,
La fonction du nerf trijumeau est aussi reliée à des petits ganglions nerveux , dits parasympathiques (ganglion otique pour le nerf mandibulaire, participant à la fonction de la glande parotide, ganglion sphéno‑palatin relié au nerf maxillaire, pour l'innervation des muqueuses respiratoires, donc à la fonction des sinus; ganglion ciliaire pour la glande lacrymale). Ceci n'est pas directement le nerf trijumeau puisqu'il s'agit du système nerveux parasympathique, mais comme il existe des connexions importantes (anastomoses) entre les deux, nous pouvons le souligner.
Description de la névralgie du trijumeau
Le patient souffrant d'une névralgie du trijumeau a souvent une douleur faciale, c'est à dire au niveau du visage, dans le territoire du nerf. Souvent sur une ou deux branches ( V1 mal au niveau du front, au dessus de l'œil, dans la région supra‑orbitaire; V2 au niveau de la pommette, une douleur aiguë sous l'œil, c'est le « tic douloureux », la localisation la plus fréquente: V3 au niveau de la mandibule , mâchoire du bas, souvent le long de la branche horizontale de l'os.
La douleur peut être constante, mais aussi pouvant se manifester par un fond douloureux ponctué de crises aiguës, comme des coups de poignard ou une sensation de broiement, de fourmillement, de décharge électrique, par exemple lors d'une mimique du visage, un bâillement, ou par le vent ou le froid venant contre la peau. La douleur générée peut être particulièrement invalidante, handicapante, et gêner les activités du quotidien.
Chercher la cause de la douleur
Au niveau médical, lorsqu'un patient vient consulter pour une douleur de type névralgie trigéminale, le médecin va en général prescrire un examen , comme une IRM cérébrale pour verifier qu'il n'y a pas de masse (comme une tumeur) susceptible de comprimer le nerf à l'intérieur du crâne et donc de générer les douleurs.
Il est fréquent , en faisant cet IRM du cerveau, de diagnostiquer une boucle vasculaire, en général par l'artère cérébelleuse supérieure. C'est une variation anatomique , mais il n'est pas établi de manière formelle que celle‑ci soit à l'origine des douleurs dans la plupart des cas (cela peut être asymptomatique).
La névralgie du trijumeau peut avoir une cause centrale ou périphérique (un problème venant de l'intérieur du cerveau , comme un caillot ou une tumeur par exemple, soit d'un problème de compression du nerf sur son trajet après avoir quitté le tronc cérébral). Nous ne parlerons pas des causes centrales qui sont un sujet médical à part entière et qui n'est pas l'objet de cet article.
Une fois que les causes médicales sont écartées , il est alors possible de vérifier si cette névralgie du trijumeau peut être due à des contraintes, des tensions pouvant gêner ou irriter le nerf sur son trajet. L'ostéopathe crânio‑maxillo‑facial peut alors intervenir pour faire son évaluation.
Comment l'ostéopathe crânio‑maxillo‑facial intervient‑il?
Lors de son travail, l'ostéopathe va vérifier avec la personne le contexte dans lequel la douleur est apparue. Y a‑t-il eu un traumatisme ? Des soins dentaires récents ? En effet, le nerf trijumeau étant à l'origine de l'innervation des dents, il peut y avoir un traumatisme du nerf lors d'une extraction dentaire, d'une pause de couronne, d'inlay ou onlay, ou de la pose d'un implant. L'ostéopathe crânio‑maxillo‑facial sera particulièrement attentif à tous les antécédents touchants aux dents, à la bouche, les traitements d'orthodontie… https://conseildentaire.com/traitement-orthodontique-et-implication-osteopathique/
Une chirurgie orthognathique https://conseildentaire.com/chirurgie-orthognatique-et-osteopathie/
Également une rage de dent, c'est à dire une pulpite (inflammation de la pulpe dentaire), est une douleur très forte causée par une partie du nerf trijumeau… https://conseildentaire.com/les-dents-et-la-posture-par-florian-mandrillon-ostepathe-d-o/
Il va aussi évaluer le contexte socio‑professionnel, le niveau de stress de la personne, si elle sait faire du bruxisme ou non (beaucoup de personnes serrent des dents sans s'en rendre compte et cela peut souvent causer des tensions importantes au niveau des os du crâne). Relire l'article correspondant ici https://www.osteopathe-mandrillon.com/actualites/vous-avez-dit-serrer-les-dents ou sur le blog du Dr Hauteville https://conseildentaire.com/le-bruxisme/
Ensuite, il va évaluer le niveau de tensions au niveau des tissus, c'est à dire des muscles , des fascias et des articulations, du dos dans son ensemble et assez rapidement de la nuque , des cervicales, de la base du crâne, de la mâchoire, des articulations temporo‑mandibulaires (ATM). De manière très fine et précise, il va essayer de comprendre si un problème mécanique ou tissulaire peut générer cette inflammation du nerf.
Un travail préparatoire au niveau du système neuro‑végétatif, dont nous avons parlé dans l'article correspondant (relire l'article sur le blog du Dr Hauteville https://conseildentaire.com/troubles-neuro-vegetatifs-et-articulation-temporo-mandibulaire/), va pouvoir se faire progressivement et les tensions vont peu à peu de dissiper. Il est probable qu'un travail avec un abord intra‑buccal soit nécessaire (avec un doigt à l'intérieur de la bouche) pour évaluer les tensions sur le palais, les muscles ptérygoïdiens, les dents en elle‑même et leur relation avec l'os basal, mais cela n'est pas systématique et est toujours réalisé avec le consentement du patient.
Les zones de sortie des différentes branches du nerf sont investiguées minutieusement par l'ostéopathe crânio‑maxillo‑facial car il y a souvent des zones de pression sur le nerf et la gaine de dure‑mère à ce niveau ( au dessus de l'arcade pour le V1, sur la pommette pour le V2, sur la mâchoire du bas pour le V3.
Traiter l'environnement du nerf trijumeau est très intéressant et important pour l'ostéopathe maxillo‑facial parce que ce nerf met en relation la sensibilité du visage, la fonction des muscles qui permettent de serrer les dents et la sensibilité de la dure‑mère, dont l'importance est capitale dans les maux de tête, migraines, céphalées.
La dure‑mère a pour fonction principale de protéger le cerveau des agressions: elle se met en état d'alerte quand il y a un traumatisme crânien, du par exemple à un accident violent, ou à une infection comme une méningite. Le cas de la méningite est le plus caractéristique puisqu'il provoque une raideur de nuque, des symptômes visuels, des nausées et vomissement. Évidemment ce cas est extrême mais cela montre bien l'ampleur de la fonction de la dure‑mère et de son innvervation.
Permettre au nerf trijumeau de retrouver une fonction normale va donc pouvoir aider le patient à retrouver une qualité de vie potentiellement bien meilleure.
Pour plus d'informations, voici des articles sur des sites médicaux de référence
https://www.jomos.org/articles/mbcb/pdf/2006/01/mbcb20061p39.pdf
SFEMChttps://sfemc.frLa névralgie du trijumeau - Migraines et Céphalées
Pour toute question sur le sujet et si vous souhaitez savoir si l’ostéopathie Crânio‑Maxillo‑Faciale est indiquée dans votre cas, n’hésitez pas à me contacter directement .
Cordialement,
Florian Mandrillon